‟ Full Moon

Sa valise à la main, Cyrus attendait sur le pas de la porte que sa mère finisse ses diverses recommandations. Son père patientait dans la voiture. Depuis leur divorce, les parents Kowalski ne se parlaient qu'en cas d'extrême nécessité, mais étaient toujours là pour Cyrus. Et Persia. Persia. Elle brillait par son absence, comme à son habitude. Cyrus avait espéré voir sa sœur une dernière fois avant de partir pour Oxford. Mais les grandes démonstrations d'affection et tous ces trucs n'étaient pas du genre de sa sœur. Au fond, il ne connaissait pas très bien Persia. Pourtant, à cet instant, il aurait tout donné pour avoir un peu de son assurance. Une pensée le réconfortait : l'université, cela ne pouvait pas être pire que le lycée. Cyrus s'installa sur le siège passager et la voiture démarra. Il quittait Tewkesbury pour Oxford, afin d'étudier à l'université du même nom. Cyrus n'avait que quinze ans.



‟ Gibbous

Cyrus ferma les yeux et se laissa bercer par le mouvement du cabriolet. Lorsque celui-ci s'arrêta, le jeune homme se redressa et descendit. Tite Street, bordée de chaque côté de maisons en briques rouges, était déserte à cette heure avancée de la nuit. Cyrus donna une pièce au cocher et se dirigea vers le numéro 16. Il gravit les quelques marches du perron et pénétra dans le hall d'entrée plongé dans le noir. Après s'être débarrassé de son manteau et de son chapeau, Cyrus gagna son bureau où un feu de cheminée éclairait la pièce de ses flammes dansantes et, se plongea dans sa correspondance. Lorsqu'il se réveilla, le jeune homme se trouvait dans sa chambre étudiante et la pluie ruisselait sur la vitre.



‟ First Quarter

« Constance, prenez bien soin de vous, je vous prie. Je suis sûre que Robert sera ravi de vous tenir compagnie durant mon absence », déclara Cyrus. Il déposa un délicat baiser sur le front de la femme qui se tenait devant lui et prit ses mains dans les siennes quelques instants. Un peu en retrait, deux jeunes enfants les observaient malicieusement. « Cyril, Vyvyan, à très bientôt mes chers enfants. Prenez soin de votre mère, je vous rappelle que vous n'en avez qu'une. » Cyrus descendit les quelques marches menant à la rue, où l'attendait un jeune homme qui semblait un peu nerveux. « Et bien Robert, je me vois dans l'obligeance de vous quitter pendant quelques jours, mais rassurez-vous, je serai de retour avant même que vous ne vous soyez aperçu de mon absence. » Le dénommé Robert hocha la tête et serra fermement la main de Cyrus. Un cabriolet attendait devant la maison et les cheveux piaffaient. Cyrus y monta, après avoir indiqué la direction au cocher et s'installa confortablement sur la banquette. « Au revoir Monsieur Wilde, faites bonne route ! », déclara Robert. « Enfin Robert, vous êtes mon ami, appelez-moi Oscar ! » Robert referma la portière et les chevaux se mirent à trotter d'un rythme régulier.  
Cyrus n'arrivait pas à oublier le rêve qu'il avait fait la nuit dernière. Il sentait encore l'odeur particulière des cheveux et du cuir de la banquette du cabriolet. Il sentait encore sur ses lèvres le contact avec les doux cheveux de Constance. Dans son rêve, les personnes l'avaient appelé Oscar. Il avait rêvé qu'il était Oscar Wilde. Terrifiant.



‟ Crescent

« Monsieur Kowalski, j'aimerais savoir ce qu'est ceci. » Cyrus prit la feuille que lui tendait son professeur. C'était son dernier examen. « Je ne comprends pas Monsieur, ce n'est pas mon écriture. Ce n'est pas moi ! ». Le professeur secoua la tête, agacé. « Votre nom est marqué en haut de cette feuille, vous venez de me la rendre en main propre il y a à peine cinq minutes et vous osez prétendre que ceci n'est pas votre œuvre ? » Cyrus sentit ses doigts commencer à trembler tandis qu'il regarda une nouvelle fois la feuille. A mi-page, l'écriture avait changé et, les formules avaient cédé la place à un poème. L'auteur l'avait rédigé dans une sorte de cadre dessiné, orné de fleurs et de rinceaux. Cyrus ne trouva rien à dire et resta là, à contempler avec horreur les vers qu'il aurait étés incapable d'écrire.


Monsieur Peterson se fraya avec difficulté un chemin parmi les étudiants rassemblés au milieu de la pelouse. Une voix s'élevait de cette masse humaine, une voix claire et forte qui ne lui était pas inconnu. Cependant, à cause du brouhaha général, il ne pouvait distinguer clairement les paroles. Lorsqu'il pût enfin voir quel était le centre d'attention, son cœur fit un bon. « Monsieur Kowalski ! » Son cri de rage fit cesser tout éclat de rire. Ecartant brusquement les personnes qui ne s'ôtaient pas assez vite de son chemin, il vint se poster devant la statue de pierre. Il y en avait des dizaines qui ornaient les pelouses et couloirs de l'université d'Oxford et elles faisaient chacune partie de l'histoire de l'université. Un acte de vandalisme envers elles coûtait cher à tout étudiant se faisant prendre la main dans le sac. « Descendez immédiatement. » Cyrus, gracieusement lové dans les bras de la statue, se contenta de porter la cigarette à ses lèvres et d'en expirer nonchalamment la fumée. « Monsieur Kowalski ! » Le jeune homme quitta son perchoir et des deux mains, défroissa son pantalon. Il allait écraser le mégot de cigarette sous sa semelle lorsque son geste se figea. Le professeur allait parler, mais le regard que lui lança Cyrus le coupa brusquement dans son élan. « Monsieur Kowalski, est-ce que ça va ? ». La colère avait quitté Monsieur Peterson et un pli soucieux venait barrer son front. Il prit le jeune homme par le bras et l'emmena à sa suite. Autour d'eux, les étudiants murmuraient. Ce pauvre Cyrus, il devenait complètement taré. « Monsieur Kowalski, venez avec moi. Vous allez vous reposer quelques instants. » Le professeur jeta un dernier regard à Cyrus, qui le suivait docilement, sous le choc.



‟ New Moon

Il faut que j'écrive, pendant que mes souvenirs sont encore présents. Je m'appelle Cyrus Kowalski, j'ai vingt-trois ans. J'étudie l'astrophysique et les mathématiques théoriques. Je suis actuellement assis derrière mon bureau et j'écris, j'écris pour réussir à me rappeler. Déjà, mon enfance commence à se ternir, comme les vieilles photographies des temps passés et je crains que le reste de ma courte existence passe à la trappe également. J'ai la trouille, ça craint. Je ne pense pas devenir fou. Enfin, je pense qu'il y a bien plus que de la simple folie derrière tout ça. Le cerveau humain est complexe et je suis en train de découvrir tant bien que moi l'une de ses multiples facettes. Je m'appelle Cyrus Kowalski. Cyrus Kowalski. Cyrus. La nuit commence à tomber dehors, je la vois depuis la fenêtre de ma chambre que je n'ai pas quittée depuis cinq jours. Au début, j'avais peur de dormir, car alors, ma vulnérabilité serait à son maximum et ça reviendrait. Mais maintenant, peu m'importe. Ca arrive en plein jour, ça me tombe dessus sans le moindre signe avant coureur. Je me suis fait temporairement renvoyé de l'université. La raison ? Mon comportement. Etrange, trop changeant au goût des professeurs. Peut-être une dépression ou du surmenage, selon le médecin. Tu parles. J'ai le cerveau complètement retourné. Je

Le journal se termine ainsi brusquement. L'homme feuillette les quelques pages restantes, complètement vierges et repose le carnet à sa place initiale dans le premier tiroir du bureau. Le regard de l'individu se pose sur une pile de feuilles froissées, couvertes de pattes de mouche. Intrigué, l'homme s'en empare et lit rapidement la première page. Puis la deuxième. Il en passe quelques-unes, toutes le concernant et tombe sur un article de journal, une critique virulente d'un très célèbre roman. Un sourire se dessine sur le visage de l'individu. « Il faudrait que je trouve ce cher Kowalski. Je ne peux me permettre de laisser un homme aussi agité disserter sur ma personne sans que ses écrits ne soient publiés. » Se rejetant en arrière dans son fauteuil, l'homme ferma les yeux et resta immobile quelques instants. Il se redressa ensuite tant bien que mal et rangea le tas de feuilles qu'il tenait encore. Puis, après avoir passé les deux mains dans ses cheveux et resserré le nœud de sa cravate, Cyrus descendit l'escalier menant au rez-de-chaussée et sortit en refermant soigneusement la porte. Il inspira l'air frais à plein poumon et d'un pas lent, mais assuré, s'apprêta à arrêter un cabriolet.

Sur ta personne La Lune reprend ses droits. Que va t-il advenir d'un jeune étudiant alors qu'un célèbre écrivain pas franchement pudique prend possession de lui ? Des chemins bien sombres sont dressés devant toi , et il te faudra les éviter. Combien de temps la fuite sera t-elle possible ? L'avenir nous le dira... S'il ne t'arrive pas malheur avant.

Maintenant que tu es validé(e), mon lapin. Tu vas pouvoir te mêler à la masse des autres fous de notre petit comté. Avant tout, si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas à faire un passage du côté des demandes. Libre à toi alors de te tisser des liens avec ces spécimens, puis de répertorier vos folles aventures. Si toutefois tu dois t'absenter un moment, n'oublie pas de nous prévenir. N'hésite pas un instant à venir t'amuser dans le flood ou la chatbox. Enfin, si la moindre question te taraude, tu peux venir harceler le staff qui fera son possible pour ne pas te manger, haha. Bref, bon jeu parmi nous.