(350 MOTS MINIMUM) ici, vous nous parlez de la vie de votre personnage, la forme est toujours libre, faites ce que vous avez envie et éblouissez-nous. C'était un peu le problème avec ces gens. Ils n'avaient jamais eu un sens de la conversation très épanouie, et il s'ennuyait fortement lorsqu'il lui arrivait de les croiser.
Heureusement, Graham partait tôt de chez lui et revenait extrêmement tard du travail. Il n'avait pas une minute à lui, et c'était tant mieux. Mais aujourd'hui, son regard s'était posé sur eux, et ils étaient venus immédiatement, comme des fourmis sentant les restes d'une douce miche de pain. Accourant comme des chiens lorsqu'on lance un bâton avait-il pensé. Pauvres dingues, pauvres décérébrés. Crétins incultes.

Lorsque ses parents avaient salué l'homme, il rêvait de pouvoir s'étriper avec le volant de son puissant tout terrain. Il haïssait profondément ses parents, ils représentaient un idéal flippant, des gens complètement incapables d'éduquer leurs autres enfants, et surtout, affront ultime : ils étaient artistes. Le père avait un atelier de sculpture -uniquement des bustes à la poitrine imposante- et sa mère était un mélange entre une hippie et une gothique. Elle fumait des pétards au sang se disait-il lorsqu'il pensait à les haïr, deux fois par an au moins.
Ces gens étaient un passé qu'il se refusait à voir. Élevé dans une fratrie où il était l'enfant banal, celui du milieu, indigne de l'intérêt du premier et moins drôle que la dernière. Il était un parfait mélange de l'ennui et du morose.

Lorsqu'il ne passait pas son temps en compagnie de ses romans d'aventures où il était chercheur de trésors, capitaine d'un navire ou mercenaire dépouillant les vaisseaux spatiaux de riches marchands, il passait son temps en la compagnie du Monde et de son Histoire.
Très tôt, il fut certain de faire de longues études. Le jeune homme n'avait aucunement la fibre artistique qui semblait traverser la famille. Il se demanda même s'il n'avait pas été échangé à la naissance, si les médecins avaient été capables de faire une telle bêtise. En voyant son grand frère et sa petite sœur, cette impression se renforça. Au point même qu'il mena une petite enquête, mais cette dernière n'aboutie jamais.

Ses parents parlaient, encore et toujours. Mais lui n'avait rien à dire à ces gens. Lui, il avait simplement envie de gommer ces âmes droguées de peintures et de littérature française. Il n'aimait pas l'alcool mais il aurait bu un tonneau de vin -même français- pour gommer ces deux êtres de sa vie.  
Le directeur de musée qu'il était avait une passion pour la culture mais il reléguait volontiers le territoire des toiles et des arts aux autres. Lui était un chercheur, un homme d'Histoire. Et il aurait voulu être n'importe quel dictateur du vingtième siècle pour envoyer les deux personnages qu'il avait devant lui dans une prison.
Il congédia ses géniteurs dans une révérence incongrue et froide. Haïr de tels personnages était une obligation. Une valeur de plus à rajouter dans sa pieuse moralité.